Victime de la déportation acadienne
François est le second Richard à devenir acadien. Toutefois, ce pays fut un lieu de passage pour lui et sa lignée puisque tous ses descendants ont dû s’exiler lors de la Déportation.
Mais d’abord, qui est-il? François Richard est né vers 1686 dans la ville d’Auray, en Bretagne (département du Morbihan). Il était le fils de Jean Richard, un marchand de vin et d’Anne Christin. Comme pour beaucoup de colons de son époque, les raisons véritables de son arrivée en Acadie restent de l’ordre de l’hypothèse. Le généalogiste Bergeron émet celle voulant qu’il soit venu y faire son service militaire.
Il serait arrivé en 1707, à l’âge de 21 ans, comme soldat de la Marine pour apporter du renfort à Port-Royal qui venait de repousser les assauts de la marine anglaise. Il aurait eu à loisir de terminer son service militaire à Port-Royal comme soldat de la garnison. À moins que, par esprit d’aventure, il se soit embarqué en 1708 sur un des bateaux-coraires qui ont mouillé à Port-Royal. Mais gardons la première hypothèse, qui semble la plus plausible.
On peut facilement imaginer que la vie d’un soldat dans un petit village comme Port-Royal ne se limitait pas à rester enfermé dans les casernes entre deux confrontations armées. On utilisait volontiers ces jeunes bras vigoureux autant pour construire des maisons et des fortifications que pour faire les foins et la pêche.
Il devenait facile alors de faire la connaissance avec les filles des colons et les pères n’étaient sûrement pas contre le fait de voir leur progéniture convoler en justes noces avec des militaires fils de bonne famille comme celle d’un marchand de vin de Bretagne! Après leur service militaire, ces jeunes gens pouvaient évidemment rentrer en France mais ils étaient encouragés à rester au pays et de s’établir comme colons. Le soldat qui se mariait dans la colonie avait droit, pendant un an, à une ration de vivres et on donnait une petite dot à la femme.
La première date connue où il est fait mention de François Richard est le 26 octobre 1722, le jour de son mariage avec Anne Comeau, la fille de Jean Comeau et d’Anne Hébert, de Port-Royal et veuve de Louis D « Amours. Ils auront 7 enfants entre 1711 et 1721. Puis, le drame! Anne Comeau meurt en laissant derrière elle 6 enfants dont le premier n’a pas encore 10 ans 9le premier-né, Joseph, est mort au berceau en 1711). Rapidement, François trouve une autre épouse en la personne de Marie Martin, fille de René Martin et de Marie Meunier avec qui il aura 3 autres enfants.
On sait que les enfants du premier lit se sont tous mariés à Port-Royal ou Grand-Pré sauf Jean-Baptiste qui s’est noyé en 1726 dans la rivière Dauphin et Jean qui s’est marié en Louisiane en 1765 à l’âge de 45 ans. Mes différentes sources ne s’entendent toutefois pas sur l’existence de ce Jean, ou à tout le moins sur sa filiation avec François.
Puis la Déportation a fait son œuvre. Joseph, l’aîné se retrouve dans la région de Boston où il aura ses deux cadettes, Marguerite et Charlotte avant de déménager à Saint-Charles sur Richelieu. François jr meurt en exil au Connecticut avant que sa famille ne se réfugie à Saint-Philippe de Laprairie. Finalement, Grégoire se sauve des navires anglais et va mourir à Québec en 1757, laissant sa famille s’établir à Bécancour.
Le destin de cette famille a donc été très bouleversé durant les trois premières générations. La Déportation des acadiens a séparé ses fils. Le Québec a acueilli ses petits-fils. Pourtant l’arbre des descendants de François Richard, l’Arléen, semble avoir poussé en rameaux isolés. Des légendes familiales existent quant aux aventures de cette famille. Elles feront sûrement l’objet d’articles.